Sous la neige, la porcelaine - un voyage au Japon et en Corée

Dans le silence d’un paysage enseveli sous la neige, tout se fond dans une blancheur absolue. Le Japon et la Corée partagent ces hivers où le monde semble s’effacer, absorbé par la lumière diffuse des ciels de coton. «  Un long tunnel entre les deux régions, et voici qu'on était dans le pays de neige. L'horizon avait blanchi sous la ténèbre de la nuit. » (Yasunari Kawabata, Pays de Neige).

La porcelaine porte en elle cette quête d’un blanc parfait, difficile à atteindre. Comme la neige, elle semble fragile, mais sa beauté naît d’une maîtrise exigeante, d’un feu qui peut la briser aussi bien que la révéler. En Corée, les jarres de lune, aux courbes imparfaites et douces, semblent modelées par le vent d’hiver. Au Japon, la porcelaine d’Arita, née du savoir des maîtres potiers coréens, capte la lumière dans une glaçure translucide, aussi évanescente qu’un reflet sur la neige.

« La neige tombe. Sur mon front et sur mes joues. Sur ma lèvre supérieure et sur mon cou. Elle n’est pas froide. Elle est comme des plumes. Juste le poids de la pointe d’un pinceau. » (Han Kang, Impossibles adieux). Il y a dans cette neige la même légèreté insaisissable que dans la porcelaine la plus pure, un éclat suspendu entre force et délicatesse, entre fragilité et perfection.

Un monde figé dans un silence absolu, comme si la neige avait absorbé le moindre bruit. « Au loin, sur les montagnes, la neige avait une tonalité crémeuse et tendre et se voilait, eût-on dit, d'une mousseline de fumée. » (Yasunari Kawabata, Pays de Neige). Neige et porcelaine partagent ce même silence, cette même lumière, ce même instant suspendu, cette même douceur.

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Photos © Atelier Ikiwa