
Kōgō et nerikō : la rencontre entre la céramique et l’encens japonais
Au Japon, l’encens est une présence impalpable, un souffle qui traverse le temps et les espaces, éveillant les sens avec une douceur infinie, se manifestant dans le silence des temples et la pénombre des machiya. Plus qu’un simple parfum, il accompagne la méditation, le thé, et le passage des saisons, révélant de multiples personnalités qui s’épanouissent lentement avant de se fondre dans l’air. À cet art du fugace répondent des objets délicats, façonnés par des mains d’artisans qui de génération en génération continuent à faire vivre des traditions souvent méconnues sous nos latitudes.
Pour accueillir ces fragrances précieuses, les kōgō (香合), petites boîtes ravissantes en céramique, deviennent des écrins pour préserver et révéler les nerikō (練香), ces pastilles d’encens façonnées dans le secret de recettes ancestrales, tous deux trésors méconnus de l’art de l’encens japonais. Kōgō et nerikō : un fascinant équilibre entre la matière et la fragrance, pour un rituel d’une élégance rare.
L'encens au Japon : une tradition millénaire et son rôle dans la cérémonie du thé
L’usage de l’encens au Japon remonte à plus d’un millénaire, introduit par la Chine et développé au fil du temps à travers diverses pratiques spirituelles et esthétiques. Dans les temples bouddhistes, il accompagne la méditation, tandis que dans les maisons élégantes, il est au cœur du kōdō (香道, “la voie de l’encens”), un voyage olfactif et ludique où l’encens révèle son âme dans la quiétude.
C’est tout particulièrement dans la cérémonie du thé (chanoyu, 茶の湯), que les kōgō et les nerikō jouent un rôle particulier. Le parfum des nerikō sélectionnés pour l’occasion est introduit discrètement pour accompagner l’atmosphère du moment, en parfaite harmonie avec le déroulement du rituel du thé. Le choix du kōgō et de l’encens qu’il contient reflète non seulement la saison mais aussi l’intention du maître de thé, qui cherche à offrir une expérience sensorielle complète.
Car on ne se contente pas de sentir un parfum, on l’écoute. Monkō (聞香), littéralement « écouter l’encens », est un terme employé dans le kōdō pour désigner l’acte de percevoir un arôme avec attention et sensibilité. Contrairement aux parfums qui s’imposent, l’encens japonais se révèle par petites touches, qui demandent à être appréhendé dans une lenteur très méditative, comme on écouterait les enseignements du Bouddha, avec attention et intention.
Dans la cérémonie du thé, le kōgō précède le rituel olfactif, l’objet en lui-même joue un rôle avant même la perception du parfum. Lorsqu’on l’ouvre après l’avoir contemplé, un souffle discret s’échappe, offrant au regard et au nez un fragment d’invisible. Le nerikō contenu à l’intérieur ne brûle pas : il exhale, laissant flotter dans l’air une mémoire parfumée, une sensation que l’on « écoute » autant qu’on la respire.
Les kōgō en céramique : écrins de senteurs et objets d’art
Le kōgō n’est pas un simple contenant : il est une œuvre d’art à part entière. Fabriqué en porcelaine ou en grès, il peut être sobre ou orné de motifs évocateurs, variant selon la saison et l’ambiance recherchée.
Les styles de kōgō en céramique
- Kōgō en porcelaine (磁器香合, jiki-gōgō) : raffinés et souvent ornés d’émaux colorés, ils sont particulièrement appréciés en été pour leur apparence fraîche et lumineuse.
- Kōgō en grès : leur texture plus brute et leurs émaux profonds s’accordent davantage avec l’esthétique hivernale.
- Kōgō inspirés de la nature : en forme de fleurs, de fruits ou d’animaux, ils évoquent le cycle des saisons et sont choisis en fonction du moment de l’année.
- Kōgō de céramistes renommés : certaines pièces, réalisées par des céramistes de renom, deviennent de véritables objets de collection au même titres que d’autres objets de la céramique japonaise, prisés pour leur finesse d’exécution et la beauté de leurs émaux.
L’importance du choix du kōgō et des nerikō selon les saisons et l’ambiance
Dans une cérémonie de thé formelle, la qualité du kōgō est aussi importante que celle des nerikō eux-mêmes. Leur choix reflète l’intention du maître de thé et l’esprit de la rencontre. En hiver, des nerikō aux notes chaudes et épicées sont privilégiés, tandis qu’en été, on préfère des compositions plus légères aux accents floraux ou boisés. De même, un kōgō en porcelaine lumineuse sera choisi pour sa fraîcheur estivale, alors qu’un modèle en grès aux teintes plus sobres s’harmonisera mieux avec l’austérité hivernale.
Les nerikō : l’alchimie des senteurs
Les nerikō sont des pastilles d’encens fabriquées selon un savoir-faire ancestral. Contrairement aux bâtonnets, ils ne se consument pas mais exhalent lentement leurs arômes sous l’effet de la chaleur ou de l’air libre.
Fabrication des nerikō : un art de patience et d’harmonie
Les nerikō sont élaborés à partir d’un mélange précis de bois parfumés (comme le jinkō, le bois d’Agar et le byakudan, le bois de santal), d’épices précieuses (clou de girofle, cannelle, camphre), et d’ingrédients liants tels que le miel ou la prune fermentée. Ce mélange est soigneusement malaxé et roulé en petites pastilles avant d’être laissé à maturer plusieurs mois, parfois plusieurs années, dans des conditions contrôlées. Cette maturation permet aux différentes essences de se fondre et de développer des notes complexes et évolutives, offrant ainsi une expérience olfactive raffinée et subtile.
Utilisation des nerikō et du kōgō dans l'art de l'encens
Présentation dans le kōgō
Lors de la cérémonie du thé ou d’autres moments de recueillement, le maître de thé ouvre le kōgō et révèle les nerikō à ses invités, qui apprécient leur apparence et leur parfum avant qu’ils ne soient utilisés. Le simple fait de laisser le kōgō ouvert permet de diffuser discrètement l’odeur des nerikō dans la pièce.
Chauffe sur une plaque de mica
La méthode traditionnelle consiste à placer les nerikō sur une fine plaque de mica (unmo), posée sur un lit de cendres chaudes dans le foyer ou le brasero. La chaleur douce libère lentement les arômes des pastilles, créant une atmosphère enveloppante et apaisante.
Simple diffusion à l’air libre
Dans certaines occasions plus informelles, les nerikō sont simplement laissés dans le kōgō, couvercle ouvert, permettant ainsi une évaporation naturelle de leurs parfums sans combustion. Cette méthode convient aux moments où un parfum subtil est recherché, sans intervention de la chaleur.
La conservation des nerikō : le rôle clé du kōgō en céramique
L’un des atouts majeurs du kōgō en céramique est sa capacité à préserver la fraîcheur et l’intégrité des nerikō. Contrairement au bois laqué qui peut absorber certains arômes, la céramique protège efficacement les pastilles d’encens de l’humidité et des altérations extérieures. Grâce à sa nature non poreuse, elle garantit que les fragrances restent intactes jusqu’à leur utilisation, assurant ainsi une diffusion olfactive fidèle et harmonieuse.
L’art de collectionner les kōgō en céramique
Les kōgō en céramique sont des objets de raffinement et de contemplation, choisis avec soin pour correspondre à la saison et à l’ambiance du moment. Les collectionner permet d’adapter chaque rencontre autour du thé à l’esprit du moment, en variant les formes, les textures et les émaux. C’est un art subtil, où l’attention portée aux moindres détails témoigne du profond respect pour la beauté éphémère de l’instant.
Ainsi, qu’ils soient remplis de nerikō délicatement vieillis ou simplement exposés comme objets de collection à admirer, les kōgō en céramique incarnent l’essence même du raffinement japonais. Découvrez notre sélection exclusive de kōgō, chacun accompagné d’une boîte de nerikō choisis avec le plus grand soin, en suivant ce lien.