Traditions artisanales de Kyoto et créativité française.
Laurence Vouillemin est la talentueuse créatrice derrière la marque Ikémato. Nous nous sommes rencontrées grâce à Instagram, et comme une évidence nous avons noué une solide amitié, qui au-delà de partager le même prénom lie Paris avec Marseille où elle vit, et comme fil conducteur immuable notre amour pour Kyoto. Pour Atelier Ikiwa elle a créé une petite série de pochettes en textile kimono indigo vintage, qui font la part belle à l’artisanat traditionnel japonais entre couture et origami, à la préservation et réutilisation de textiles vintage, et à la pureté du travail créatif. Portrait de Laurence la lumineuse.
Le livre qui éclaira tout
Les chemins de vie, d’études, de carrière, égrainent de temps en temps sur leurs routes sinueuses des signes, muets ou évidents, qui, si on les voit à temps, peuvent tout changer. Pour Laurence, ce fut un livre, à un moment où mille questions se bousculaient dans sa tête et où l’idée d’une réorientation vers ce qui la faisait vibrer depuis longtemps, la couture, commençait à tracer son chemin dans son coeur.
Ce livre, de la japonaise Tomoko Nakamichi, “Pattern Magic” ouvre tout un monde sur le patronage, sur les volumes, sur l’art de créer en s’inspirant des formes de la nature et des formes géométriques des pièces textiles qui empruntent autant à la sculpture qu’à la couture. C’est une révélation, ouvrant les portes de mondes inconnus et mystérieux.
A Kyoto, pour découvrir et apprendre
Laurence mûrit le projet d’aller rencontrer Nakamichi san à Kyoto où elle donne des cours à l’université. Mais avant cela, elle doit se former, assoir sa crédibilité en couture, et apprendre le japonais. Elle quitte son poste confortable, s’inscrit en candidate libre en CAP Métiers de la Mode, vêtements flous, qu’elle obtient 2 ans après, et prend d’intensifs cours de japonais.
En 2015 elle part donc au Japon à Kyoto pour la première fois, où elle va rester, lors de 2 longs séjours, plusieurs mois. Dans les hasards tels que la vie en réserve Laurence loge à Kyoto chez une tisserande âgée, dans une vieille machiya de Nishijin. Nishijin est le quartier des tisserands et des teinturiers, de la soie, de la fabrication des kimono depuis 1000 ans, créé pour accompagner les besoins de la Cour Impériale de Kyoto, et resté depuis un quartier de référence où l’on continue à entendre les métiers à tisser vibrer de leurs cliquetis caractéristiques même si beaucoup ont disparu avec la mécanisation et l’industrialisation.
Laurence ne pourra pas rencontrer Nakamichi san finalement, mais c’est comme si sa présence silencieuse avait ouvert toutes les portes de Kyoto. Elle apprend la très stricte technique de couture des kimono, des sacs, et prend également des cours d’origami, au milieu d’étudiants japonais et de professeurs exigeants, apprenant les nuances et la rigueur, surmontant la barrière de la langue.
Les chutes de kimono, le trésor révélé
La tisserande chez laquelle Laurence a habité lors de ses longs séjours à Kyoto était âgée, et ne voyait plus suffisamment bien pour opérer ses métiers à tisser, dont le silence emplissait la vieille machiya, mais leurs silhouettes continuaient à raconter les histoires du temps passé, des doigts qui dansent, des heures d’attention, de la perfection du travail, des kimono somptueux qui prenaient vie par cet effort. Au milieu des bobines de fils maintenant inutilisées des trésors apparaissent, des restes de tissages, petits morceaux d’étoffes que la tisserande confie à Laurence.
Lors de ses cours de couture les chutes de kimono commencent également à enrichir cette collection de motifs, de matières, de couleurs et une quête plus vaste commence, fascinante, à la recherche de tissus, quelques fois seulement des petits morceaux mais dont le motif la fera vibrer, qui l’amènera à arpenter les marchés et les antiquaires de Kyoto, Tokyo et d’ailleurs.
Ces merveilles seront la matière dont Laurence s’inspirera pour ses créations, chacune racontant une histoire, à la fois universelle et personnelle, des choses que l’on chérit, de la réutilisation pour ne pas perdre, de la transmission d’un continent à l’autre.
Depuis Kyoto, la création issue de la tradition
C’est l’apprentissage conjoint de la couture pour kimono et de l’origami, mis en lumière par le livre de Nakamichi san, qui stimule la créativité de Laurence et l’amène à imaginer comment à partir du textile souple et plat, donner du volume et de la tenue aux choses. Des essais qui passent par le papier, par le travail des proportions, de l’équilibre, jusqu’à trouver sa solution, précieux gestes qui par des jeux de plis, de retournés, de coutures mystérieuses, donnent à ses créations ces formes si uniques et élégantes.
Laurence a, pour Atelier Ikiwa, été chercher les chutes de textiles indigo de kimono japonais vintage qu’elle gardait précieusement. Chaque pièce créée à partir de ces chutes est soit unique soit n’existe qu’en peu exemplaires mais jamais tout à fait les mêmes. Des pièces de mémoire, entre kimono pour homme, pour enfant, élégant kimono léger pour femme, nous projetant dans les histoires de vie de ceux qui les ont portés et qui nous relient à eux, au delà des océans et des cultures, car le beau est universel et toujours émouvant.
Des petites pochettes pour la vie de tous les jours, à glisser dans son sac ou à laisser en évidence chez soi, pour y déposer quelques trésors ou secrets et vous permettre de devenir, à votre tour, le dépositaire de ces histoires de mémoire et de transmission. Les pochettes sont à retrouver dans le eshop.