CARNET DE VOYAGE À KYŌTO
"Vous adorez le Japon. Que vous reste-t-il à visiter?" "Tout, car il n'y a rien à visiter, mais tout à ressentir" (Jean-Claude Ellena).
L’ÂME DE KYŌTO
Chacun a un rapport aux grandes villes différent, je suis parisienne depuis longtemps et j’adore Paris, dans toute sa beauté et toutes ses contradictions. La nature ne me manque pas particulièrement au quotidien et je peux passer des mois sans voir autre chose que les arbres du square à coté de chez moi (j’exagère à peine!).
Mais à Kyōto la ville prend une autre définition, un mélange singulier de tissu très urbain, très gris, très banal, dans une cacophonie architecturale qui semble quelques fois hors de contrôle, et qui vit en parallèle d’un univers d’une stupéfiante beauté, tout à la fois historique (la ville a été capitale impériale pendant plus de 1000 ans tout de même), religieuse et contemporaine, un assemblage de micro détails et de spectaculaire, de caché et d’évident. Et surtout, la nature devient une force irresistible dont on ne soupçonnait pas l’importance, lorsque l’on se balade à Higashiyama à l’est de la ville, la montagne est bien souvent littéralement au bout de la rue.
Kyōto ne se révèle pas aux premiers regards mais par petites touches, et surtout en prenant son temps, ce qui ne veut pas dire forcément de rester très longtemps sur place (ce n’est pas toujours possible) mais d’accepter de ne pas tout faire et tout voir, d’être sélectif pour laisser place à la contemplation.
TROUVER SON NID
Lorsque l’on connait bien une ville on y développe quelques obsessions, et l’une d’elles pour moi c’est définir le quartier dans lequel loger. Spontanément c’est Higashiyama, proche du Ginkakuji (le Temple d’Argent) si possible, ou encore mieux, de la colline de Yoshida, et où j’ai toujours effectué mes plus longs séjours. Le quartier est d’une beauté saisissante, avec ses petites rues tranquilles de maisons traditionnelles, ses temples, sa nature, et il est facile de rayonner partout dans Kyōto à partir de là. C’est un quartier dans lequel on arrive à trouver des maisons à louer, via Airbnb notamment.
Pour ce voyage en octobre 2022, et comme il se faisait sous un certain nombre de contraintes (liées au visa) j’ai découvert un autre quartier, Gojo, proche de la rivière Kamo et à quelques minutes de Kiyomizu-dera, une toute petite maison charmante et c’était très bien aussi même si Higashiyama reste tout de même mon premier choix.
Beaucoup d’hôtels plus classiques, mais élégants et à prix raisonnables ont également ouvert ces dernières années, ce sont souvent de très bonnes options, ma seule recommendation étant d’en trouver un pas trop gros (pour éviter le côté usine) et pas autour de la gare de Kyōto.
Par contre 2023 va être une année de très forte reprise touristique, beaucoup de maisons sont déjà louées et d’hôtels pleins sur les mois les plus demandés, donc il faut essayer d’anticiper ses réservations (quite à seulement poser des options annulables) le plus tôt possible si vous partez l’année prochaine.
FLÂNER ET S’ÉMERVEILLER
Ce voyage avait avant tout des objectifs professionnels mais comme je suis restée dans la ville 2 semaines complètes j’ai pu prendre le temps de balades dans mes lieux préférés et en découvrir de nouveaux (car il ne suffit pas d’une vie pour tout connaitre de Kyōto!).
Les temples et jardins d’Eikando, Shinnyo-do, Honen-in, Shōren-in, Nanzen-ji et Daitoku-ji sont mes préférés et je trouve toujours le temps d’y passer, sans jamais m’en lasser car chaque saison et micro-saison apporte une expérience différente. J’adore également la villa Impériale Katsura mais il faut réserver son billet à l’avance, ainsi que Saihō-ji, le temple des mousses, qui peut maintenant être réservé en ligne, c’est une bonne nouvelle. Le site est en japonais seulement semble t’il, mais avec google translate on s’en sort !
J’ai enfin découvert lors de ce séjour le temple Otagi Nenbutsuji à Sagano, une merveille. Et je suis retournée à Rakushisha, la “cabane des kakis déchus”, à Arashiyama. J’adore tout le quartier de Sagano à l’ouest d’Arashiyama, qui est d’une beauté tranquille, un petit coin de presque campagne à parcourir à vélo (il y a un loueur de vélos à la sortie de la gare de Saga-Arashiyama). J’ai également passé un long moment dans le temple Kennin-ji dans Gion, qui est remarquable.
Et si vous avez le temps et êtes en quête de vraie campagne japonaise, une journée passée à Ohara, à 45 minutes/1 heure de bus (le numéro 17!) au nord de Kyōto est merveilleux, entre balades dans les rizières, visites de temples et déjeuner chez Somushi qui a ouvert il y a quelques mois.
EXPÉRIENCES CULINAIRES
A Kyōto j’adore vivre une vie locale en cuisinant à la maison, soit en faisant quelques courses au supermarché soit en dévalisant le sous-sol de Daimaru (visiter les sous-sols des grands magasins est dans tous les cas indispensable au Japon!). Mais j’ai aussi pris le temps de retourner dans quelques uns de mes lieux préférés :
- Le très beau et très traditionnel Izusen dans l’enceinte du complexe Daitoku-ji. Un restaurant Shōjin Ryōri, c’est à dire la cuisine des temples, végétarienne et délicieuse présentée dans une série de bols oryoki rouges du plus bel effet!
- Kousagisha un beau restaurant végétarien au dessus d’une galerie d’art au pied de l’arrêt de bus Jodoji à quelques pas du Ginkakuji. Réservation obligatoire.
- Omen, ma cantine à Kyōto, un super restaurant spécialisé en Udon, à 5 minutes du Ginkakuji
- Breizh café : au pied du chemin de la Philosophie. Et oui, aller à Kyōto pour manger des crêpes! Mais Breizh café c’est un concept vraiment top qui entre France et Japon est un modèle de cohérence et de qualité.
© Atelier Ikiwa
ET TOUJOURS, DES PAUSES THÉ
Mes salons de thé et wagashi (patisserie) préférés à Kyōto, dans lesquels je passe invariablement:
- Yugen : à côté du Palais Impérial, une maison de thé contemporaine dans son style, son décor (sublime) tout en étant traditionnelle dans son respect pour les thés verts japonais et l’attention que l’on porte aux gestes. J’ai découvert Yugen et son fondateur il y a quelques années, il vient de déménager pour cette belle adresse qui est à la hauteur de la qualité de son concept.
- Toraya, à 2 pas du Palais Impérial, là où la maison a débuté son aventure il y a 5 siècles.
- Saryo à Gion: un nouveau lieu que j’ai beaucoup aimé, très beau avec ses espaces aux styles différents. Et leur pain kuradashi est une merveille.
- La Maison Jouvaud Kyoto Gion: une patisserie provençale au coeur de Gion, j’adore le lieu, la maison, la rue tellement belle, la table devant le store de bambou à l’étage. C’est français tout en étant très japonais.