L’ART DES FEUILLES DE SUNGWOO CHOI
DE L’IMPORTANCE DE L’ART DANS UNE VIE
Au démarrage dans la vie de Sungwoo Choi il y a un métier, celui d’ingénieur mécanique, et une industrie, celle de la construction automobile, dans un pays, la Corée, et une ville, Séoul. Et un jour il y a une rencontre, lors d’un voyage à Paris et d’une visite du Centre Pompidou, avec un tableau : le Carré Noir du peintre Kazimir Malevitch. Une oeuvre fulgurante qui à sa création en 1915 ouvrit la porte d’un nouveau langage et d’un nouveau monde créatif issu des formes, celui de l’abstraction et du minimalisme.
Et ce jour là Sungwoo décida “d’entrer dans les arts”, tout d’abord en parallèle de son travail : il reprit des études de dessin et de travail du bois, et occupa son temps libre à cet apprentissage exigeant les weekends et la semaine à raison de plusieurs heures par jour, le matin avant d’aller travailler principalement. Pendant 5 ans il poursuivit ce rythme, moitié ingénieur moitié artisan avant de devenir “artisan-artiste à temps complet” il y a 4-5 ans.
Et à son tour il invente un langage, qui mêle la rigueur cartésienne, des formes, de la conceptualisation 3D, avec la poésie de l’imagination et de la nature organique des choses, de ce que l’on trouve lorsque l’on se promène dans la montagne et qui devient des oeuvres d’art miniatures lorsque les outils et les mains entrent en action.
LES ARBRES QUI DEVIENNENT BOIS ET QUI REDEVIENNENT FEUILLES
Car le matériaux avec lequel Sungwoo Choi travaille c’est le bois : celui qu’il achète ou celui qu’il trouve, au sol, en marchant dans les montagnes autour de chez lui, dans cette autre Séoul, loin de la frénésie urbaine, car dans cette ville la montagne n’est jamais très loin.
Il n’utilise que des bois coréens : le bouleau, le plaqueminier, le micocoulier, avec lesquels il crée de petits objets, contemplatifs ou utilitaires, notamment sa fabuleuse série des feuilles qui est présentée aujourd’hui.
Cette série des feuilles de ginkgo est particulièrement saisissante, elle évoque le tapis jaune que ces feuilles aux lignes spectaculaires, perfection de la nature, forment en tombant à l’automne partout en Corée.
Dans son atelier impeccable cohabitent la rigueur et l’imaginaire : un joyeux mélange d’outils pour travailler de bois, dont des machines que l’on croirait venues tout droit de son ancien métier, quelques ustensiles pour sculpter, et des tableaux d’inspiration, assemblages d’éléments trouvés dans la forêt : feuilles séchées, petites branches, formes organiques inspirantes.
Pour sa série des cuillères-feuilles le travail artisanal de réalisation est incroyablement long et intense : il conceptualise d’abord la forme en 3 D (héritage de son ancien métier d’ingénieur) avant de sculpter, par gestes précis et délicats des blocs de bois, qui se transforment en feuilles de ginkgo, de chêne, d’abricotier, de châtaignier... Eau, huile de noix et feu leur permettent ensuite d’être adaptées à un usage alimentaire. Les tailles peuvent varier, de la micro spatule d’une incroyable finesse aux couverts de service, mais qui dégagent toujours une infinie poésie, une harmonie et un équilibre parfaits dans les volumes.
Dans un monde qui va si vite ses petites oeuvres d’art nous émerveillent, elles touchent quelque chose en nous de profond, un objet gracieux qui n’a même pas besoin d’avoir un usage si on le souhaite, juste la contemplation infinie, qui fait du bien à l’âme. Car oui, les objets peuvent faire du bien!
La série des feuilles, de ginkgo notamment, de Sungwoo Choi est disponible en quantité très limitée sur le eshop, à retrouver ici.
Photos Sungwoo et atelier ©️ Shin Namu - Photos produits et feuille ginkgo ©️ Atelier Ikiwa